Violences Basées sur le Genre : l’OPS/OMS soutient les survivantes dans les sites de déplacés en Haiti

Personnes deplaces en Haiti
OPS/OMS | David Lorens Mentor
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Port-au-Prince, le 3 juin 2024 (OPS/OMS) – En appui au ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) dans sa réponse d’urgence à la crise sécuritaire actuelle, l'Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS/OMS) en Haïti collabore avec la Fondation TOYA pour venir en aide aux femmes et aux filles victimes déplacées, survivantes de violence causés par des groupes armés.

Les VBG en forte hausse

"Ma maison a été brulée, les bandits m’ont violée moi et ma fille et j’ai été infectée par le VIH", explique Patricia, 57 ans, mère de 6 enfants et une survivante de VBG pour qui la vie a basculé quand son quartier a été envahi par des hommes armés. "L’insécurité m’a tout pris, j’étais à moitié folle. J’ai même pensé à boire du chlore pour me suicider" confie-t-elle.

Comme Patricia un nombre croissant de femmes et de filles sont les victimes collatérales de l’escalade de la violence causant depuis 2022 des déplacements massifs et une augmentation alarmante des cas de VBG. Pour venir en aide à ces femmes en situation de détresse physique, psychologique et économique, l’OPS/OMS collabore avec le Fondation TOYA, une ONG spécialisée dans l’appui psychosocial et la défense des droits des femmes. Avec le support financier du Fonds Central d'Urgence (CERF) et du Fonds pour la consolidation de la paix (PBF), un programme d’assistance a été mise en œuvre à l'intention de plus de 200 femmes en situation de déplacement dans deux sites de la Zone Métropolitaine de Port-au-Prince.

Personnes deplaces suivant une session d'accompagnement psychosocial

Guérir les blessures de l’âme

"Depuis mon agression, j’ai pu recevoir une aide psychosociale pour commencer à me reconstruire" explique Patricia qui a pu bénéficier comme plus de 200 autres femmes et filles d’un soutien psychosocial sous la forme de sessions individuelles et de groupes de paroles. Facilitées par des professionnels en santé mentale du MSPP, ces sessions ont pour but d‘aider les survivantes à surmonter le traumatisme et l'anxiété causés par les violences subies. Une ligne téléphonique gratuite « Alo TOYA » a aussi été mise à la disposition des bénéficiaires dans le but de faciliter la communication entre les survivantes de VBG et  des spécialistes en santé mentale.

Des kits alimentaire et d’hygiène ont aussi été distribués aux bénéficiaires de ce projet afin de répondre aux besoins les plus immédiats de ces femmes.

Aider à se reconstruire

Plus d’une centaine de femmes ont également reçu un appui leur permettant de lancer une activité génératrice de revenus. "Grâce à ce soutien, j’ai lancé un petit commerce de produits de première nécessité. Maintenant j’ai seulement besoin d’une place fixe pour m’asseoir et organiser mon commerce" lance Patricia qui espère pourvoir bientôt louer une maison grâce à ses recettes.

Vendeur de produits dans un marche

Elle a pu aussi, grâce à l’appui reçu, relocaliser sa fille "hors de la capitale, en province car elle ne pouvait plus supporter la situation" explique-t-elle. Depuis le début de l’année près de 100 000 personnes ont quitté la Zone Métropolitaine de Port-au-Prince vers la province, notamment du Sud du pays selon l’Office International des Migrations.

"Apporter un soutien autant matériel que psychologique aux filles et aux femmes victimes de ces violences est une urgence absolue. C’est pour cela que l'OPS/OMS se mobilise aux côtés du MSPP et de ses partenaires pour permettre à ces femmes et ces filles de s’engager sur le chemin de la reconstruction," explique le Dr. Oscar Barreneche, Représentant de l'OPS/OMS en Haïti.

La violence à l'égard des femmes - en particulier la violence exercée par le partenaire intime et la violence sexuelle - est un problème majeur de santé publique et une violation des droits humains des femmes. La violence a des répercussions négatives sur la santé physique, mentale, sexuelle et reproductive des femmes.  L'OPS est engagée à contribuer à la création de communautés sûres et solidaires pour les femmes et les filles.