L'Ivermectin et la Chloroquine font partie des médicaments qui se sont avérés inefficaces contre la COVID-19. L'OPS/OMS appelle à une utilisation responsable des antimicrobiens pour éviter la propagation de la résistance.
Washington D.C., le 17 novembre 2021 (OPS/OMS) - Les pays des Amériques signalent des poussées d'infections résistantes aux médicaments qui sont probablement dues à une mauvaise utilisation sans précédent des médicaments antimicrobiens dans le traitement de la COVID-19, a averti la directrice de l'Organisation panaméricaine de la Santé (OPS), le Dr Carissa F. Etienne, lors d'un point de presse aujourd'hui.
"Tout au long de cette pandémie, nous avons tenu pour acquis le pouvoir des antimicrobiens", a déclaré la directrice à la veille de la Semaine mondiale de sensibilisation aux antimicrobiens. "Et bien qu'il faille attendre des mois, voire des années, avant de voir l'impact complet de leur mauvaise utilisation et de leur surutilisation, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre pour agir."
Les données montrent que plus de 90% des patients hospitalisés pour la COVID-19 dans les Amériques ont reçu un antimicrobien, alors que seulement 7% ont eu besoin de ces médicaments pour traiter une infection secondaire. Des médicaments tels que l'Ivermectin, l'Azithromycine et la Chloroquine ont aussi été largement utilisés, malgré des preuves solides qu'ils n'ont aucun avantage contre la COVID-19.
Avec de nombreuses unités de soins intensifs dans la région fonctionnant à 2 ou 3 fois leur capacité pendant la pandémie, il y a aussi eu une augmentation des procédures invasives telles que l'intubation et la ventilation. Ce phénomène, associé à des problèmes comme le surpeuplement et la disponibilité limitée des équipements de protection individuelle (EPI), notamment des gants et des blouses, a aussi contribué à une propagation plus rapide des infections hospitalières.
"Les antimicrobiens sont des médicaments essentiels pour sauver des vies, mais ils doivent être utilisés de manière responsable car les bactéries peuvent développer une résistance et rendre ces médicaments inefficaces au fil du temps", a déclaré la directrice de l'OPS/OMS.
Plusieurs pays, dont l'Argentine, l'Uruguay, l'Équateur, le Guatemala et le Paraguay, ont signalé une augmentation des infections résistantes aux médicaments. Une récente alerte épidémiologique de l'OPS/OMS montre également un pic dans l'émergence de bactéries résistantes aux antimicrobiens dans la région.
Partout, les professionnels de la santé doivent utiliser les antimicrobiens de manière responsable et les prescrire uniquement si besoin. L'utilisation abusive de ces médicaments est dangereux pour les patients, mais aussi pour la santé publique."
Dr. Carissa F. Etienne
La directrice de l'OPS/OMS a également appelé à une meilleure surveillance, gestion et médicaments pour préserver le pouvoir des antimicrobiens.
Alors que de nombreux pays ont développé leurs systèmes de surveillance pendant la pandémie, ces réseaux doivent maintenant être utilisés pour suivre la résistance aux antimicrobiens. Les pays doivent également élaborer des directives de traitement fondées sur des données probantes pour les cliniciens et doivent investir dans de nouveaux et meilleurs médicaments antimicrobiens.
"Nous avons besoin que tous les pays travaillent ensemble maintenant pour contrôler l'augmentation de la résistance aux antimicrobiens afin que nous puissions continuer à compter sur ces médicaments pour traiter les maladies et prévenir une crise sans précédent", a-t-elle déclaré.
En ce qui concerne la situation de la COVID-19 dans la région, le Dr Etienne a déclaré qu'au cours de la semaine écoulée, on a observé une diminution globale de 5% des nouveaux cas dans les Amériques et une stabilisation des nouvelles infections dans les pays les plus peuplés comme les États-Unis, le Brésil et la Colombie, ainsi que dans les pays d'Amérique centrale et du Sud, à l'exception de la Bolivie, de l'Uruguay et du Chili.
En Amérique du Nord, les cas continuent de diminuer au Canada.
Dans les Caraïbes, les cas continuent d'augmenter en République dominicaine et à la Barbade. Les îles Caïmans et Trinidad et Tobago voient aussi des niveaux élevés d'infections.
La directrice de l'OPS/OMS a averti que même si la moitié des personnes en Amérique latine et dans les Caraïbes sont maintenant complètement vaccinées, "la pandémie de COVID-19 est toujours très active dans notre région".
À l'approche des fêtes de fin d'année, "il nous appartient à tous de nous protéger mutuellement en nous faisant vacciner et en suivant les mesures de santé publique efficaces contre ce virus", a-t-elle insisté.