1 juin 2020 - Un nombre record de pays surveillent et signalent désormais la résistance aux antimicrobiens et font ainsi un pas important dans la lutte contre la pharmacorésistance. Mais les données qu’ils communiquent montrent qu’un nombre inquiétant d’infections bactériennes sont de plus en plus résistantes aux médicaments disponibles pour les traiter.
« Alors que nous rassemblons davantage de données, nous constatons que façon plus évidente et plus inquiétante à quelle vitesse nous perdons des médicaments antimicrobiens essentiels partout dans le monde », dit le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Ces données soulignent qu’il est important de protéger les antimicrobiens dont nous disposons et d’en mettre au point de nouveaux pour traiter efficacement les infections afin de préserver les acquis du siècle passé et d’assurer l’avenir », a-t-il ajouté.
Depuis la publication du rapport de l’OMS sur le système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (GLASS) en rapport de l’OMS sur le système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (GLASS) en 2018, la participation a augmenté de façon exponentielle. Après trois ans d’existence seulement, le système réunit des données de plus de 64 000 sites de surveillance, qui ont recruté plus de deux millions de patients dans 66 pays, alors qu’en 2018, le système comptait 729 sites de surveillance dans 22 pays.
En outre, davantage de pays communiquent des données sur l’indicateur relatif à la résistance aux antimicrobiens, récemment approuvé dans le cadre du suivi des objectifs de développement durable. Selon la Dre Hanan Balkhy, Sous-Directrice générale de l’OMS chargée de la résistance aux antimicrobiens, « la très forte augmentation du nombre de pays, d’établissements et de patients couverts par le nouveau système de surveillance nous permet de mieux cerner l’émergence de la menace que la résistance aux antimicrobiens représente pour la santé publique ».
Les taux élevés de résistance aux antimicrobiens souvent utilisés pour traiter des infections courantes, comme les infections urinaires ou certains types de diarrhée, montrent que le monde est à court de moyens efficaces pour lutter contre ces maladies. Ainsi, le taux de résistance à la ciprofloxacine, un antimicrobien souvent utilisé pour traiter les infections urinaires, était compris entre 8,4 % et 92,9 % en 33 pays ayant communiqué des données.
L’OMS craint que cette évolution soit favorisée par l’usage inappropriée des antibiotiques pendant la pandémie de COVID-19. Les données montrent qu’une petite proportion seulement de patients atteints de COVID-19 a besoin d’antibiotiques pour des surinfections bactériennes, et l’Organisation a publié des orientations déconseillant, à moins d’une indication clinique, un traitement ou une prophylaxie antibiotique pour les patients atteints d’une forme bénigne de COVID-19 ou pour ceux chez qui la maladie est suspectée ou confirmée et qui présentent des symptômes modérés.
« Nous pensons que ces orientations claires sur l’utilisation des antibiotiques pendant la pandémie de COVID-19 permettront aux pays de lutter efficacement contre la maladie tout en évitant l’émergence et la transmission d’une résistance aux antimicrobiens dans le cadre de la pandémie », dit la Dre Balkhy.
L’OMS s’inquiète toujours de la baisse des investissements (y compris dans le secteur privé) et du manque d’innovation dans la mise au point de nouveaux traitements antimicrobiens. Ceci met à mal les efforts déployés pour lutter contre les infections pharmacorésistantes.
« Nous devons favoriser la coopération et les partenariats mondiaux, y compris entre les secteurs public et privé, afin de créer des incitations financières et autres pour la mise au point d’antimicrobiens nouveaux et novateurs », a ajouté la Dre Balkhy.
Pour soutenir cette démarche, l’OMS a publié deux documents sur des profils de produits ciblés afin d’orienter la mise au point de nouveaux traitements contre les infections bactériennes courantes résistantes et un modèle économique permettant de simuler les coûts, les risques et le retour sur investissement éventuel de la mise au point de médicaments antibactériens.