[Résumé analytique]. Les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) sont recommandées pour le traitement du paludisme à Plasmodium falciparum dans toutes les zones d’endémie palustre d’Amérique du Sud. Déjà détectée dans la sous-région du Grand Mékong de l’Asie du Sud- Est, la résistance de P. falciparum aux médicaments contenant de l’artémisinine constituerait un revers très important aux efforts déployés pour lutter contre le paludisme si elle devait apparaître en Amérique du Sud et s’y propager. Bien que cette résistance n’ait pas été confirmée dans les Amériques, l’intérieur du Guyana, du Suriname, de la Guyane française, et les zones frontalières du Brésil et du Venezuela (l’ensemble constituant le bouclier guyanais) ont en commun avec la sous-région du Grand Mékong de nombreuses caractéristiques qui augmentent le risque de sélection de parasites résistants. Parmi celles-ci: des taux de transmission de P. falciparum plus élevés que dans le reste du bassin de l’Amazone, des populations très mobiles, une mise à disposition rapide et une large utilisation de divers antipaludéens de qualité douteuse, dont les monothérapies d’artémisinine, et un manque d’accès, et donc de recours, à des établissements proposant un diagnostic et un traitement du paludisme en bonne et due forme. Dans la mesure où l’émergence dans la zone du bouclier guyanais d’un P. falciparum résistant à l’artémisinine mettrait sérieusement en péril les efforts pour lutter contre le paludisme déployés sur l’ensemble de l’Amérique du Sud, il est impératif de considérer la prévention de cette résistance comme l’une des priorités majeures de la lutte antipaludique dans la Région. Le présent cadre définit un ensemble d’activités dont la combinaison vise à prévenir l’émergence d’une résistance à l’artémisinine en Amérique du Sud ou cette résistance devrait- elle être confirmée, pour la maîtriser et l’éliminer. Il cible le bassin de l’Amazone lequel, si l’on exclut Haïti, supporte 98 % de toutes les infections à P. falciparum notifiées dans les Amériques. À l’intérieur de ce bassin, un accent particulier est mis sur le bouclier guyanais, car c’est dans cette zone que le risque de sélection de souches résistantes à l’artémisinine est probablement le plus élevé. Un objectif à plus long terme de ce cadre est d’éliminer le paludisme causé par le P. falciparum, car ce sera la seule manière d’éviter avec certitude la sélection de parasites résistants. L’objectif global de ce cadre est de protéger les CTA – c’est-à-dire à la fois l’artémisinine et leurs autres composants – et préserver leur efficacité thérapeutique contre le paludisme dû au P. falciparum dans les Amériques. Cet objectif est basé sur le Plan mondial de maîtrise de la résistance à l’artémisinine (GPARC) et sur les enseignements tirés des projets de maîtrise de la résistance à l’artémisinine actuellement en cours dans la sous-région du Grand Mékong. Le cadre recommande une couverture élargie des services de diagnostic et de traitement du paludisme, l’intensification de la lutte antivectorielle pour faire reculer la transmission, le renforcement de la surveillance du paludisme, ainsi que le développement de la collaboration transfrontalière, en particulier en termes d’efforts pour lutter contre la vente et l’utilisation des monothérapies d’artémisinine. Dans la mesure où il est peu probable que les programmes nationaux de lutte contre le paludisme puissent mettre en oeuvre en même temps toutes les activités détaillées dans ce cadre, une liste proposant une hiérarchisation de ces activités est fournie en appendice.
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