6. RÉDUCTION DE LA CHARGE ET DE L’IMPACT DES MALADIES NON TRANSMISSIBLES CHRONIQUES ET DE LEURS FACTEURS DE RISQUE
Les maladies non transmissibles constituent la cause la plus importante de morbidité, d’incapacité et de décès dans les Amériques. Elles sont responsables de 79 % de tous les décès de la Région, dont 35 % sont prématurés, c’est-à-dire qu’ils surviennent chez des personnes âgées de 30 à 69 ans. La coopération technique du BSP a favorisé une sensibilisation à cet état de fait par les pays des Caraïbes, qui ont depuis longtemps identifié la nécessité de prendre en charge ces pathologies. Ces travaux ont aidé à attirer l’attention mondiale sur les MNT et ont contribué de manière importante aux événements ayant conduit en 2011 à la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles et à la déclaration politique qui a fait suite à cette réunion.
En 2012, le 28e Conférence sanitaire panaméricaine a approuvé la Stratégie régionale pour la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles (document CSP28/9, Rev. 1), conforme à la Stratégie mondiale de l’OMS pour la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles. À la suite de l’adoption en 2013 du Plan d’action mondial 2013-2020 de l’OMS pour la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles, l’OPS a lancé son Plan d’action régional pour la pr??vention et la lutte contre les maladies non transmissibles (document CD52/7, Rev. 1), qui est adapté aux besoins de la Région et oriente la coopération technique de l’Organisation en la matière.
Tout comme les cadres mondiaux, la stratégie régionale et le plan d’action de l’OPS mettent l’accent sur les quatre MNT qui représentent le plus lourd fardeau dans les Amériques – les maladies cardiovasculaires (MCV), le cancer, le diabète et les maladies respiratoires chroniques – et leurs quatre principaux facteurs de risque : la consommation de tabac, une mauvaise alimentation, la sédentarité et la consommation nocive d’alcool. Les cadres cherchent à accroître la visibilité des MNT dans les programmes de développement et les programmes économiques des pays, et à promouvoir les approches à « tous les niveaux de gouvernement », de « la santé dans toutes les politiques » et de « l’ensemble de la société », avec une riposte multisectorielle aux MNT à laquelle participent le gouvernement, la société civile et le secteur privé.
Lutte contre les MNT et leurs facteurs de risque
Politiques, plans et programmes
Au cours de la période considérée, la coopération technique de l’OPS a contribué aux domaines suivants :
• l’élaboration ou la révision de politiques, stratégies ou plans nationaux multisectoriels sur les MNT à Antigua-et-Barbuda, au Belize, au Costa Rica, en Dominique, en Équateur, au Guyana, au Nicaragua, au Panama, au Paraguay, à Saint-Kitts-et-Nevis et au Suriname.
• l’intégration de nouveaux programmes ou de programmes enrichis pour les soins des MNT dans les services sanitaires nationaux. La Dominique, Saint-Vincent-etles-Grenadines, Sainte-Lucie et le Suriname ont lancé des programmes de gestion intégrée des maladies chroniques centrés sur les soins primaires, tandis que la Colombie, l’Équateur, la Jamaïque, le Mexique et le Pérou ont élaboré de nouveaux programmes ciblant spécifiquement la prévention et le contrôle du cancer.
• l’amélioration de l’autoprise en charge des maladies chroniques par la mise en œuvre du passeport de soins chroniques, une carte détenue par le patient qui encourage l’adhésion aux médicaments, les soins personnels et la prévention et facilite le recueil de données sur les MNT, mais aussi au renforcement des capacités en matière d’autogestion du diabète sous la forme d’un cours en ligne offert par le Campus virtuel de santé publique de l’OPS et à la mise en œuvre du Programme d???autoprise en charge des maladies chroniques (CDSMP, selon son sigle anglais). Ce programme consiste en des ateliers communautaires conduits par des pairs et destinés à responsabiliser les adultes pour que ceux-ci gèrent leurs états chroniques en coordination avec les équipes de soins, tout en restant des membres actifs de la société. Des données probantes montrent que les participants à ce programme améliorent leur état de santé, leurs comportements de santé et les soins qu’ils s’autoadministrent, mais aussi qu’ils viennent moins souvent en consultation dans les services d’urgences. Ce modèle a été adapté par la CARICOM pour être ajusté aux besoins des pays caribéens, et sa mise en œuvre pour les soins des maladies chroniques fait partie des stratégies ou des plans d’action concernant les MNT de plusieurs pays de la CARICOM. Le CDSMP a été lancé dans tous les pays des Caraïbes orientales, où il a été bien intégré à tous les niveaux des services de santé. Cette exp??rience a été documentée et présentée au Brésil, au Chili, aux États-Unis d’Amérique et au Pérou pour promouvoir la coopération entre les pays.
Dans le cadre du Forum panaméricain de lutte contre les MNT
35 (PAFNCD, selon son sigle anglais), l’OPS a lancé le Consortium SaltSmart et l’Initiative sur les cancers féminins :
• Le Consortium SaltSmart regroupe des experts gouvernementaux de la santé et de la nutrition, des membres de la société civile (y compris des universités) et des représentants de l’industrie. Ce Consortium a approuvé un plan sur plusieurs années visant à diviser par deux la consommation de sel alimentaire dans les Amériques d’ici à 2020. Ce plan comporte des campagnes pour sensibiliser le public à l’importance de réduire le sodium, et des étapes pour réduire le sel dans les produits alimentaires transformés industriellement. En 2014, le Consortium a élaboré une série de principes et établi des cibles spécifiques pour orienter les efforts déployés dans la Région aux fins de réduction du sel contenu dans divers produits alimentaires. Antigua-et-Barbuda, la Barbade et Saint-Vincent-et-lesGrenadines ont mis en œuvre un projet de réduction du sel qui fait appel à une approche de marketing social ciblant les jeunes mères dont les enfants sont d’âge scolaire. En 2017, des équipes techniques du Brésil, du Costa Rica, du Paraguay et du Pérou ont été formées à l’emploi de stratégies de marketing social pour réduire l’ajout de sel aux aliments.
• L’Initiative sur les cancers féminins est le fruit d’un partenariat entre l’OPS et les principales organisations mondiales et régionales de prévention du cancer. Cette initiative est dédiée à la réduction des cancers du sein et du col de l’utérus, qui sont les principaux cancers féminins en Amérique latine et dans les Caraïbes. D’une durée de trois ans, elle a débuté en 2013 et des activités ont été mises en œuvre au niveau régional et dans un certain nombre de pays incluant l’Argentine, la Bolivie, le Chili, le Costa Rica, El Salvador, l’Équateur, le Guatemala, le Pérou, Saint-Kitts-et-Nevis et Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Cette initiative aborde la sensibilisation et la communication, le renforcement des capacités de dépistage, diagnostic, traitement et soins, l’amélioration de l’accès aux services et au traitement, l’élargissement de la vaccination contre le VPH et l’expansion des travaux de recherche. Le BSP a préparé une analyse et un rapport sur les progrès réalisés pour la prévention et le contrôle du cancer du col de l’utérus, qui seront étudiés et discutés au cours de la 29e Conférence sanitaire panaméricaine en septembre 2017.
Innovations technologiques pour le dépistage du cancer du col de l’utérus
Le cancer du col de l’utérus est en grande partie évitable et le BSP appuie l’utilisation d’une nouvelle technologie, un test détectant la présence du VPH, pour améliorer l’efficacité des programmes de dépistage de ce cancer, tout en soutenant également la vaccination contre le VPH dans une optique de prévention du cancer du col de l’utérus.
En 2013, l’OPS et l’OMS ont émis de nouvelles directives basées sur des données probantes de dépistage du cancer du col de l’utérus, dans lesquelles le test du VPH est utilisé comme un outil principal de dépistage. Le Bureau a établi des dialogues sur les politiques entre parties prenantes au Costa Rica, à El Salvador, en Équateur, au Guatemala et au Nicaragua, pour diffuser les nouvelles données probantes et débattre des modifications de politiques qui leur sont liées. Cette démarche a conduit à l’élaboration et à l’application, avec le soutien du BSP, de nouvelles politiques et de nouveaux plans nationaux appuyant les programmes de dépistage basés sur le test du VPH.
Le BSP a favorisé une série d’événements motivés par l’échange d’informations scientifiques et le partage d’expériences de pays, parmi lesquels une réunion régionale avec des parties prenantes originaires de 20 pays et six organisations internationales, ainsi qu’un dialogue secteur public-secteur privé avec les fabricants de tests du VPH au cours duquel a été évoqué la manière de rendre ces tests plus abordables et accessibles. À la suite de ce dialogue, le Bureau a établi des critères et des normes pour le choix des tests du VPH et collaboré avec le Programme OMS de préqualification des médicaments pour que ces tests soient rapportés au Fonds stratégique de l’OPS, afin que les États-Membres puissent les acheter à un prix abordable.
Le Bureau a également mené des projets de démonstration du test du VPH au Chili, à Saint-Kitts-et-Nevis et à Saint-Vincent-et-les-Grenadines, et préparé un guide programme concernant la planification, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes de dépistage qui intègrent le test du VPH, tout en s’appuyant sur les expériences dans les milieux à revenus faibles ou moyens.
Législation et réglementation
Les initiatives législatives et réglementaires jouent un rôle majeur en matière de prévention et de contrôle des MNT, particulièrement en ce qu’elles tiennent compte des facteurs de risque. Il a été montré que la réduction de l’exposition au tabac, à l’alcool et aux produits alimentaires nocifs pour la santé et la possibilité d’une activité physique « en faisant du choix santé le choix facile » sont des démarches très rentables en termes de réduction des MNT. Les politiques fiscales, l’augmentation des taxes d’accise sur les produits nocifs par exemple, peuvent détourner le public de consommer ces produits et réduire les dépenses de santé, tout en générant de nouveaux revenus que l’on peut affecter aux interventions sanitaires. Au cours de la période considérée, la coopération technique de l’OPS a contribué à l’élaboration de plusieurs initiatives législatives et réglementaires dans les pays de la Région.
L’OPS a mis en œuvre l’initiative REGULA, dont l’objectif est de développer les compétences des pays en matière d’élaboration et de mise en œuvre de mesures législatives, réglementaires et fiscales pour une réduction des facteurs de risque des MNT. Cette initiative s’appuie sur la coopération technique en cours pour mettre en œuvre des mesures efficaces d’inflexion de la consommation du tabac et de l’usage nocif de l’alcool, et de promotion d’une alimentation saine et de l’activité physique. Ces mesures comportent l’introduction ou l’augmentation de taxes sur le tabac, l’alcool et les boissons sucrées, une politique de prix incitant à l’achat de produits alimentaires sains, un étiquetage alimentaire efficace, des mises en garde sanitaires concernant le tabac et les produits alimentaires et des restrictions marketing sur les produits nocifs pour la santé, parmi lesquelles une interdiction marketing totale pour le tabac. Dans le cadre de ses travaux pour cette initiative, le Bureau a élaboré un document technique de référence et a réuni un groupe d’experts du Brésil, du Canada, du Chili, de la Colombie, des États-Unis d’Amérique, du Mexique et du Pérou qui ont révisé le document et proposé à la coopération technique des axes d’interventions dans ce domaine. Le groupe a déterminé quatre axes clés d’interventions pour le Bureau : a) la surveillance continue des facteurs de risque de MNT et l’évaluation des processus réglementaires, b) l’élaboration de structures organisationnelles, l’obtention d’un financement et la mise en place de processus pour les entités réglementaires, c) le développement d’une expertise technique sur la lutte contre les risques de MNT et d) la promotion de travaux de recherche sur l’efficacité et les meilleures pratiques d’interventions réglementaires pour réduire les risques de MNT. Grâce à une subvention du Fonds de l’OPEC pour le développement international, l’initiative développe ses activités en les centrant actuellement sur la Bolivie, le Guatemala et le Honduras, trois pays clés de l’OPS.
Lutte antitabac
Plusieurs pays ont persévéré sur la voie de la mise en œuvre de la Conventioncadre de l’OMS pour la lutte antitabac :
• En 2013, le Suriname a promulgué une stricte législation antitabac, qui interdit la fumée des produits du tabac dans tous les lieux de travail et les lieux publics intérieurs, réglemente le conditionnement et l’étiquetage des cigarettes et interdit toute forme de publicité, de promotion ou de parrainage concernant le tabac.
• En 2016, la Colombie a promulgué la Loi 1819/Mesures fiscales, qui a modifié la Loi 223 de 1995 en augmentant les taxes sur le tabac de 659 pesos par paquet de 20 unités à 1400 pesos par paquet de 20 unités en 2017, chiffre qui passera à 2100 pesos par paquet de 20 unités en 2018. La loi a également introduit une augmentation progressive de la composante spécifique des taxes sur le tabac qui, à partir de 2019, seront ajustées à l’indice des prix à la consommation relevé de quatre points.
• En 2016, le ministère de l’Économie et des Finances du Pérou a approuvé, par le décret présidentiel No 112-2016-EF, une augmentation de 157 % de la taxe d’accise sur les produits du tabac, la faisant passer de 0,07 à 0,18 sol péruvien par cigarette.
• En janvier 2017, la Barbade a adopté une législation garantissant que les cigarettes électroniques sont soumises aux mêmes contrôles et aux mêmes mises en garde détaillées sur leur conditionnement que les cigarettes ordinaires.
• En juin 2017, le Guyana a fait la première lecture à son Assemblée nationale du projet de loi antitabac 2017, dont l’objectif est d’empêcher l’exposition du public au tabagisme secondaire et d’interdire la publicité sur les produits du tabac, y compris les cigarettes électroniques.
En 2013 et 2014 respectivement, le Nicaragua et l’Uruguay sont devenus les deux premiers pays au monde à ratifier le nouveau Protocole OMS pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac. En 2015, l’Équateur est devenu le troisième pays à ratifier ce protocole, suivi du Panama en 2016 et du Costa Rica en 2017. Le protocole, qui complète la Convention-cadre en étant lui-même un nouveau traité, prévoit des mesures de lutte contre le commerce illégal du tabac. Celles-ci incluent l’obligation d’une licence, le suivi et la traçabilité des produits du tabac, ainsi que le suivi et la régulation des ventes de tabac. Le protocole promeut également la coopération internationale, y compris l’extradition de personnes suspectes d’une participation au commerce illicite du tabac. Les autorités fiscales équatoriennes ont développé un système de suivi et de traçabilité des produits du tabac (et des boissons alcoolisées, y compris la bière) qui est opérationnel depuis mars 2017. L’Équateur a collaboré avec d’autres pays souhaitant mettre en œuvre un tel système dans le cadre de la coopération Sud-Sud, par le biais du réseau intersectoriel latino-américain sur les politiques fiscales de lutte antitabac.
Le Bureau a organisé des ateliers infrarégionaux sur le tabac et son commerce, où les responsables des ministères de la Santé et des Finances ont travaillé ensemble à élaborer des scénarios fiscaux de modifications des structures de taxation sur le tabac pour remplir les objectifs en termes de santé et de revenus. Les ateliers en Amérique centrale et en Amérique du Sud ont conduit à l’élaboration de propositions d’augmentation de la taxation sur le tabac en Colombie et au Pérou, et à la création de réseaux infrarégionaux pour débattre de l’harmonisation des taxes et de stratégies visant à éliminer le commerce illicite des produits du tabac.
En 2017, la Colombie et El Salvador étaient, parmi 15 pays sélectionnés dans le monde, les deux seuls pays de la Région des Amériques choisis pour participer au Projet 2030 de la Convention-cadre. Le Secrétariat de la Convention-cadre a élaboré ce projet pour appuyer les Parties à la Convention-cadre de l’OMS qui sont admissibles à recevoir une aide officielle au développement. Le projet, qui se déroule d’avril 2017 à mars 2021, contribuera à la réalisation des ODD en faisant progresser la mise en œuvre de la Convention-cadre et en soutenant son intégration aux programmes nationaux de santé et de développement.
Alimentation saine, activité physique et prévention du surpoids et de l'obésité
Treize pays
36 ont adopté des lois et/ou mis en œuvre des politiques ou des réglementations nationales pour promouvoir une alimentation saine et l’activité physique, conformément aux directives de l'OPS/OMS. Les mesures incluent des taxes sur les boissons sucrées, des restrictions à la commercialisation de boissons et d’aliments nocifs pour les enfants, l'offre de repas scolaires sains et des exigences pour l'étiquetage des aliments transformés industriellement, afin de faire face au problème croissant du surpoids et de l'obésité chez les enfants et les adultes. Le Paraguay a approuvé de nouvelles réglementations pour réduire la teneur en sel du pain produit industriellement, et l'Argentine a adopté la loi 26905, entrée en vigueur en décembre 2014, qui vise la réduction du sodium
Consommation nocive d'alcool
Le BSP a réuni des experts en matière de marketing et de réglementation de l'alcool provenant de pays des Amériques et d'Europe, ainsi que d'Australie, d’Inde et d’Afrique du Sud, afin d'évaluer les effets du marketing de l'alcool, en particulier sur les jeunes, et sur l'efficacité de la réglementation volontariat plutôt que statutaire. Les experts ont conclu que la publicité et la promotion de l'alcool devraient être réglementées, surveillées et évaluées par les gouvernements indépendamment de l'industrie de l'alcool, et que les interdictions globales de commercialisation de l'alcool sont parmi les mesures les plus efficaces. Les experts ont invité le Bureau à guider les États Membres dans l’élaboration et l’adoption d’une législation à cet égard. En 2017, le BSP a publié une note technique détaillant les données probantes concernant la réglementation du marketing de l'alcool ainsi que les éléments essentiels pour l'élaboration et la mise en œuvre d'une législation efficace, y compris l'utilisation des principes et normes en matière de droits de l'homme pour protéger les enfants et les autres groupes vulnérables.
Le Bureau a entrepris une coopération technique avec le Chili, la Colombie, le Costa Rica, l'Équateur, la Grenade, la Jamaïque, le Paraguay, le Pérou, Saint-Kitts-etNevis et le Suriname pour l’élaboration ou le renforcement des politiques et plans nationaux sur l'alcool, en favorisant des mesures centrées sur la population comme base des activités nationales liées à l'alcool. Les interventions nationales ont été complétées par un atelier infrarégional, pour les pays d'Amérique centrale qui a eu lieu au Belize. Cet atelier s'est centré sur l'élaboration de politiques en matière d'alcool et de la législation relative à la santé. Une autre mesure a été l'inclusion du sujet de la prévention de la consommation nocive d'alcool dans les ateliers REGULA infrarégionaux sur les politiques fiscales et l'argumentaire d'investissement pour la prévention et le contrôle des MNT.
Réponse face à la résistance de l'industrie
Après l’introduction des lois et règlements, les fabricants et fournisseurs des produits jugés nocifs pour la santé ont montré une certaine résistance et opposition. Leurs initiatives contemplent des tentatives qui visent à influencer les fonctionnaires publics et les gouvernementaux ainsi que des actions en justice pour bloquer la mise en œuvre des mesures. Pour répondre aux demandes des États Membres, le Bureau a apporté son soutien non seulement sur les aspects techniques de la législation et réglementation en vigueur, mais également en matière de lutte contre les tactiques de l'industrie. Le soutien comprenait :
• Chili : collaboration entre les bureaux de pays de l'OPS/OMS et de la FAO pour contrer les tentatives de l'industrie visant à bloquer la mise en œuvre des nouvelles réglementations sur les étiquettes d'avertissement des aliments transformés, riches en sucre, en sel ou en graisses saturées, et proposition d'arguments pour faire face à la remise en question par l'industrie des boissons alcoolisées des données de l'OPS/OMS relatives à la consommation d'alcool et son caractère nocif.
• Costa Rica : proposition d'arguments auprès du ministre de la Santé sur les conflits d'intérêts perçus liés à la participation des représentants de l'industrie des boissons alcoolisées à une commission chargée d'examiner et d'approuver la publicité sur l'alcool. La participation proposée de l’industrie a été jugée anticonstitutionnelle et a été bloquée.
• Équateur : élaboration d'un mémoire d'amicus curia37 en défense des réglementations qui exigent l'étiquetage nutritionnel sur le devant de l'emballage des aliments transformés.
• Jamaïque : assistance au ministère de la Santé pour défendre les nouvelles mesures de lutte contre le tabagisme face à l'opposition de l'industrie, y compris le plaidoyer au niveau du premier ministre et la demande d'une étude sur l'effet du commerce de l'alcool sur le tourisme et l'impact perçu de la taxation de l'alcool. L'étude a démontré que le tourisme n'est pas perçu comme un obstacle à la taxation de l'alcool.
• Pérou : présentation au comité de santé du Congrès et au ministre de la Santé d'un rapport écrit de la Directrice sur la législation des aliments sains pour les enfants et adolescents et présentation par les experts techniques du Bureau de données probantes pour informer les discussions sur les nouvelles réglementations visant à mettre en œuvre la loi. L’OPS a également soutenu la présentation de données probantes par des experts visant à contrer les arguments de l’industrie des boissons alcoolisées concernant le projet de loi sur les mesures fiscales liées à l’alcool.
• Uruguay : présentation d’un mémoire d'amicus curiae en défense de la législation sur le contrôle du tabagisme contesté par Philip Morris International au Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements du Groupe de la Banque mondiale. L'Uruguay a remporté le procès en juillet 2016, un événement historique.
Taxes sur les boissons sucrées
Le Mexique présente la consommation de soda par habitant la plus élevée au monde et l'un des taux de décès par le diabète parmi les plus élevés. En réponse à cette problématique, le pays a approuvé en 2013 une nouvelle loi, qui impose des taxes aux boissons sucrées comme mesure de santé publique pour réduire la demande. La loi prévoit une taxe d'un peso par litre pour les boissons sucrées, tant sous leur forme liquide qu'en poudre, et une taxe de 8 % sur les aliments transformés et denses en énergie (ou « aliments vides »). Le texte prévoit également de nouvelles restrictions sur la publicité des produits alimentaires nocifs pour les enfants ainsi que de nouvelles exigences en matière d'étiquetage. Cette réussite révolutionnaire du Mexique a été le résultat d'efforts conjoints du ministère des Finances, du ministère de la Santé, du Congrès fédéral, du milieu universitaire, de la société civile et des organisations internationales. Le BSP a plaidé en faveur de la législation en organisant trois forums dédiés qui ont compté avec la participation d'experts internationaux et de décideurs : un « forum économique », un « forum législatif » et un « forum médiatique ». D'autre part, le Bureau a compilé des preuves scientifiques, élaboré des fiches d'information sur l'utilisation des politiques budgétaires pour influencer les modes de consommation en faveur de choix plus sains et également facilité le dialogue entre le gouvernement et la société civile. Les revenus tirés des nouvelles taxes seront utilisés pour fournir de l'eau potable aux écoles dans tout le pays.
En 2014, le BSP a publié un rapport intitulé Taxes sur les boissons sucrées comme stratégie de santé publique : l'expérience du Mexique, qui documente les efforts du pays et décrit comment les partisans de l'initiative fiscale ont pu surmonter l'opposition active de l'industrie des boissons gazeuses et de ses alliés. Le rapport cite les résultats préliminaires d'une étude menée conjointement par l'Institut national de santé publique du Mexique et l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill (États-Unis), qui a mis en évidence une réduction moyenne de 6 % des ventes de boissons taxées au cours de la première année de la taxe, par rapport à l'année précédente. Une évaluation supplémentaire a révélé une baisse de 10 % au cours de la deuxième année, pour une moyenne de 8 % sur la période de deux ans.
L'expérience du Mexique a inspiré des efforts similaires à la Barbade, au Chili, à la Dominique et en Équateur. Entre 2014 et 2016, ces pays ont tous mis en place des taxes sur les boissons sucrées. Depuis le premier semestre 2017, la Jamaïque interdit l'offre de boissons sucrées aux déjeuners scolaires fournis par le gouvernement et Trinidad et Tobago interdisent l'offre ou la vente de boissons sucrées dans et autour des écoles gouvernementales ou soutenues par le gouvernement et les deux pays envisagent d’imposer des taxes sur les boissons sucrées.
Autres interventions pour la prévention et le contrôle des MNT
En 2014, les États Membres de l'OPS ont adopté un nouveau Plan d'action pour la prévention de l'obésité chez les enfants et les adolescents (document CD53/9, Rev. 2). Le premier de son genre dans toutes les régions de l’OMS, le Plan d’action vise à enrayer l’épidémie d’obésité croissante chez les enfants et les adolescents des Amériques. Il cible les environnements de plus en plus « obésogènes » dans la Région, résultat de l'urbanisation, de la modernisation, du marketing et du commerce mondial. Ces forces ont augmenté à la fois la disponibilité et l'accessibilité aux aliments et boissons à forte teneur énergétique et pauvres en nutriments, au détriment des aliments frais entiers, tout en réduisant les possibilités d'activité physique. Pour contrer ces conditions, le Plan d’action propose cinq axes stratégiques d’intervention : a) des soins de santé primaires et promotion de l’allaitement maternel et d’une alimentation saine, b) l’amélioration de la nutrition et renforcement de l’activité physique à l’école, c) des politiques fiscales et réglementation de la commercialisation et de l’étiquetage des aliments, d) d’autres actions multisectorielles et e) la surveillance, recherche et évaluation. Avec la coopération technique de l'OPS, plusieurs pays de la Région, en particulier dans les Caraïbes, ont élaboré des stratégies et des plans pour prévenir l'obésité chez les enfants. Le BSP a également contribué à la formulation du plan d'action de la société civile pour la prévention de l'obésité infantile dans les Caraïbes de la Coalition des Caraïbes saines.
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La coopération technique du BSP pour la prévention et le contrôle des MNT comprend différents partenariats et alliances, notamment :
• La collaboration avec les CDC des États-Unis et d'autres parties prenantes pour diriger le projet de réduction des risques cardiovasculaires (anciennement connu sous le nom de projet de traitement standardisé de l'hypertension), un effort novateur pour élaborer et mettre en place un cadre pour le traitement normalisé de l'hypertension. Cette initiative, lancée en 2013 en Amérique latine et les Caraïbes, comprend trois piliers principaux : a) identifier un groupe de médicaments essentiels pour traiter l’hypertension, b) accroître la disponibilité de ces médicaments et c) améliorer les soins de l’hypertension. Le Bureau a contribué à la conception du projet et a forgé des alliances avec les parties prenantes et les ministères de la Santé pour promouvoir sa mise en œuvre à la Barbade, au Chili, en Colombie et à Cuba. Les résultats après 18 mois de mise en œuvre du projet pilote à la Barbade comprenaient des pratiques améliorées pour la lutte contre l'hypertension et la prescription de médicaments. En 2016, le Chili, la Colombie et Cuba sont devenus les premiers membres d'un réseau de pays à avoir intégré l'approche dans leurs systèmes de prestation de santé et programmes nationaux de lutte contre les MNT. Le Bureau a élaboré deux cours virtuels qui visent à renforcer la mise en œuvre de l’approche dans les pays participants. Au premier semestre 2017, 30 000 personnes s'étaient inscrites au cours de contrôle de l'hypertension et 5000 personnes au cours de prévention secondaire pour les équipes de soins primaires, récemment mis en place. Les enseignements tirés de la mise en œuvre du cadre dans les Amériques aideront à faciliter son déploiement dans le monde entier.
• Le leadership des efforts interinstitutions dans le cadre du Groupe de travail interaméricain sur les maladies non transmissibles, qui soutient la coordination et la collaboration entre les organismes sur les approches multisectorielles pour la prévention et le contrôle des MNT. Les membres du groupe de travail comprennent l'OEA, la BID, la Banque mondiale, l'IICA et la CEPALC. Les activités ont porté sur des questions telles que la fiscalité du tabac, l'économie des maladies non transmissibles et le plaidoyer auprès des ministres du Développement social.
• Le partenariat avec la FAO dans la Région pour préserver, renforcer et/ou rétablir des systèmes alimentaires favorables à la santé et pérennes pour mettre fin à toutes les formes de malnutrition.
Le Bureau a renforcé ses travaux sur l'économie des MNT, les facteurs de risque et la santé mentale, dans le but de faciliter le dialogue intersectoriel afin de mieux comprendre les dimensions économiques des problématiques liées aux MNT au sein et au-delà du secteur de la santé. Il a également renforcé l'efficacité du plaidoyer en faveur d'une augmentation des ressources pour la prévention et le contrôle des MNT et promu la cohérence des politiques sur les MNT et les facteurs de risque dans tous les secteurs. En vertu de ce cadre, le Bureau a rassemblé en 2016 des chercheurs sur l'économie des MNT issus ou externes à la Région afin d'identifier les lacunes, les opportunités et les domaines prioritaires pour la recherche économique future axée sur les politiques afin de soutenir l'action multisectorielle sur les MNT. En mai 2017, le BSP a convoqué une réunion à la Barbade avec des représentants des ministères de la Santé et des Finances de 17 pays et territoires des Caraïbes. Les participants ont présenté et débattu sur des données probantes relatives à la rentabilité de la taxation du tabac, de l'alcool et des boissons sucrées en tant qu'outil pour lutter contre les MNT et faciliter le dialogue intersectoriel et la cohérence des politiques. Parmi les partenaires internationaux présents à l'événement se trouvaient Bloomberg Philanthropies, CARICOM, CARPHA et des universitaires et autres membres de la société civile.
Grâce à sa collaboration avec l'école de santé publique T.H Chan de l'université de Harvard, le Bureau a mis en œuvre le modèle EPIC de l'OMS pour estimer l'impact des MNT sur la production économique mondiale. La collaboration a permis d'utiliser le modèle EPIC-H Plus de Harvard, qui quantifie l'impact des MNT sur la production globale due à la réduction de l'offre de main-d'œuvre (en raison de la morbidité et de la mortalité) et de la réduction du capital résultant de l'augmentation des coûts des dépenses de santé pour les MNT et les troubles mentaux. Lorsque le modèle a été appliqué au Costa Rica, à la Jamaïque et au Pérou, les estimations ont prévu que, si aucune action n’est prise, une perte du PIB entre 2015 et 2030 dues aux MNT équivalente à 142 % du PIB de 2013 du Costa Rica, à 105 % du PIB de 2013 de la Jamaïque et à 255 % du PIB de 2013 du Pérou. En juin 2016, ces résultats parmi d'autres de la collaboration ont été présentés au Forum économique mondial de l'Amérique latine à Medellín (Colombie). Le partenariat comprend également l'élaboration de lignes directrices pour que les pays des Amériques puissent effectuer eux-mêmes des estimations similaires à l'aide du modèle EPIC-H Plus. Des études sur l'argumentaire d'investissement pour les MNT sont menées en Jamaïque et au Pérou afin d'estimer le retour sur investissement d'un ensemble choisi d'interventions sur les MNT.
Le Bureau a contribué à l'amélioration de la surveillance des MNT et des facteurs de risque grâce à l'élaboration d'un module technique qui permet d'évaluer la capacité des pays à surveiller les MNT et leurs facteurs de risque, d'identifier les lacunes dans le suivi, d'établir les priorités et de suivre les progrès vers les engagements mondiaux et régionaux en matière de MNT. Le module a été utilisé dans les pays de la sous-région andine en 2015 et il a contribué à l'élaboration de plans visant à améliorer la capacité de surveillance des MNT des pays. Son utilisation sera étendue à d'autres sous-régions. Le BSP a également poursuivi sa coopération technique avec les pays dans leur utilisation d'enquêtes sur la population pour renforcer la surveillance des MNT, leurs facteurs de risque et les troubles mentaux. En 2016, le Bureau a mis à l’essai l’utilisation de deux nouvelles technologies pour la collecte de données au moyen d’enquêtes auprès des ménages : des tablettes connectées à Internet pour la saisie des données et des dispositifs biomédicaux pour les mesures qui permettent le suivi du diabète et du cholestérol. L'Équateur a été le premier pays de la Région à utiliser des appareils mobiles pour mettre en œuvre l'enquête STEPS de l'OMS, y compris au niveau infranational, et le processus a reçu des commentaires positifs du ministère de la Santé et du Bureau national des statistiques. Le Bureau a fourni un stock de ces appareils et il les proposera à tour de rôle aux États Membres pour leur utilisation lors des enquêtes nationales.
Des membres du personnel du Bureau ont entrepris une évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre du Plan d'action régional pour la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles, qui vise à réduire de 15 % les décès prématurés des quatre principales MNT d'ici 2019. L'évaluation a révélé un schéma stable ou une légère baisse de la mortalité prématurée des MNT dans presque tous les pays et territoires de la Région. Toutefois, moins de la moitié des pays semble être sur la bonne voie pour atteindre l'objectif de réduction de 15 %, avec les progrès les plus lents observés en Amérique centrale et dans les Caraïbes.
Les ministères de la Santé de 38 pays et territoires de la Région ont fourni des informations pour l'examen du plan d'action régional. Ils ont souligné les actions nécessaires pour améliorer la situation actuelle des MNT, y compris intensifier les engagements politiques, techniques et financiers pour lutter contre les maladies non transmissibles, en particulier dans les sous-régions d'Amérique centrale et des Caraïbes, donner la priorité à la mise en place de plans nationaux de lutte contre les MNT, de cibles et de commissions multisectorielles sur les MNT dans les pays qui n'en disposent pas, mettre l'accent sur la prévention de l'obésité, faire de la politique sur l'alcool une priorité dans le cadre de la lutte contre les MNT et les programmes de santé et mettre en place des interventions de réduction de la demande, ainsi qu’utiliser pleinement le Fonds stratégique de l'OPS pour accroître l'accès aux médicaments essentiels contre les MNT et en particulier les médicaments pour améliorer le contrôle de la tension artérielle et prévenir les maladies cardiovasculaires.
L'OMS et le ministre de la Santé publique de l'Uruguay sont coorganisateurs d'une conférence mondiale sur la prévention et le contrôle des MNT qui se tiendra à Montevideo (Uruguay), en octobre 2017. Les présidents et les ministres de la Santé de plusieurs pays devraient y participer et se mettre d'accord sur une feuille de route qui proposera des conseils aux pays sur la manière d'influencer les politiques publiques dans les secteurs non sanitaires et d'améliorer la cohérence normative en ce qui concerne la problématique des MNT. Le BSP joue un rôle majeur dans les préparatifs de la conférence et participera à sa mise en œuvre et à son suivi.
Progrès et innovations en santé mentale
L'OPS a poursuivi sa coopération technique pour améliorer les politiques, programmes et interventions en matière de santé mentale dans la Région des Amériques, en collaboration avec les homologues nationaux et la société civile pour résoudre ce problème de santé publique mal desservi, mais prioritaire. Grâce à la coopération technique du BSP, les pays de la Région ont avancé dans la mise en œuvre du Programme d'action : combler les lacunes en santé mentale de l'OMS (mhGAP), qui favorise l'élargissement des services pour les troubles mentaux, neurologiques et dus à l’usage de substances psychoactives au niveau des soins primaires. Le BSP a contribué à la formation continue pour le mhGAP, y compris par le biais du CVSP de l'OPS, ce qui a permis d'atteindre des milliers d’agents du niveau de santé primaire et d'accomplir des changements positifs dans les attitudes et les pratiques en matière de troubles mentaux, neurologiques et dus à l’usage de substances psychoactives. Le Belize a reproduit avec succès les formations mhGAP grâce à la participation de certains de ses médecins généralistes à la formation virtuelle de 2013 et la Colombie a commencé sa propre formation mhGAP dans le cadre du campus virtuel de l'OPS, destinée aux établissements universitaires et aux associations professionnelles. Le Chili a incorporé systématiquement la formation et la mise en œuvre du mhGAP dans ses systèmes de santé et dans le cadre du programme d'études pour les professionnels de la santé non spécialisés. Au Mexique, une ville du nord du pays, où le mhGAP a été instauré en 2012, a signalé une augmentation de plus de 300 % du nombre de personnes traitées pour des problèmes de santé mentale dans les soins de santé primaires.
Plusieurs pays et territoires de la Région ont complété ou progressé dans l'élaboration de politiques et mesures en matière de santé mentale :
• Anguilla, Antigua-et-Barbuda, la Barbade, le Costa Rica, les Îles Vierges britanniques, le Panama, le Suriname et le Venezuela ont élaboré ou mis à jour des politiques et des plans nationaux de santé mentale.
• L'Argentine a annoncé des réglementations relatives à sa loi nationale sur la santé mentale, qui protège les droits des personnes souffrant de troubles mentaux, tandis que la Jamaïque et les Îles Vierges britanniques ont revu leur législation en matière de santé mentale.
• Les professionnels d'Anguilla, d’Antigua-et-Barbuda et de la Jamaïque ont reçu une formation sur les premiers secours psychologiques en cas de catastrophes et d'urgence et ils ont rédigé des composantes psychologiques et de santé mentale pour leurs plans nationaux de santé en cas de catastrophe. Les Bahamas, Suriname et la Trinité-et-Tobago ont également dispensé une formation sur la santé mentale en cas de catastrophe et pour les premiers secours psychologiques.
Mise à jour sur l’insuffisance rénale chronique de causes non traditionnelles ou inconnues en Amérique centrale
Le BSP a dirigé la coopération technique interprogrammatique qui a rassemblé des ressources et initié un dialogue entre les équipes de recherche, les décideurs et les groupes d'intérêt afin de faire avancer les interventions fondées sur des données probantes pour combattre l'épidémie d’insuffisance rénale chronique de causes non traditionnelles ou inconnues. Ce trouble affecte principalement les jeunes hommes adultes des communautés agricoles d'Amérique centrale qui sont déjà victimes des contraintes socioéconomiques. En réponse à la proposition d’El Salvador, le Bureau a élaboré un document de réflexion (document CD52/8) qui décrit l’impact et les défis de l’insuffisance rénale chronique de causes non traditionnelles ou inconnues en Amérique centrale et qui appelle à une action internationale urgente. La déclaration, qui a réaffirmé la Déclaration d'El Salvador signée par les pays d'Amérique centrale en avril 2013, a été formellement adoptée par le 52e Conseil directeur de l'OPS en octobre 2013 (résolution CD52.R10). Un nombre croissant de groupes de recherche, y compris les centres collaborateurs de l'OPS/OMS, ont entamé des enquêtes sur le terrain et le Bureau soutient l'élaboration d'un programme de recherche complet dont le but est de faire progresser les connaissances sur l'histoire naturelle de la maladie et ses causes. Le Consortium pour l'épidémie de néphropathie en Amérique centrale et au Mexique (CENCAM) a été constitué pour entreprendre les recherches pertinentes.
Le BSP, en collaboration avec les CDC des États-Unis, la Société latino-américaine de néphrologie et d'hypertension, le Secrétariat exécutif du COMISCA et les représentants des ministères de la Santé des pays d'Amérique centrale, a élaboré une proposition pour la définition de cas à utiliser dans la surveillance épidémiologique ainsi qu'une définition des cas cliniques. Bien que l’étiologie de la maladie demeure inconnue, la communauté scientifique a atteint un consensus sur sa caract??risation en établissant que le caractère de l’insuffisance rénale chronique de causes non traditionnelles ou inconnues est essentiellement professionnel. Par conséquent, le renforcement de la promotion de la santé environnementale et professionnelle est une stratégie essentielle pour sa prévention.
El Salvador a mis à jour son cadre juridique pour le contrôle des pesticides et interdit l'utilisation de 53 ingrédients actifs hautement toxiques. Le Guatemala a approuvé une nouvelle réglementation nationale sur la santé et la sécurité au travail, en y intégrant des mesures pour la prévention de l’insuffisance rénale chronique. Le Guatemala s’efforce également de modifier ses réglementations sur la gestion des pesticides ménagers.
La collaboration a été renforcée entre le Bureau et les Centres collaborateurs de l'OPS/OMS en matière de santé professionnelle et environnementale, qui ont intégré l’insuffisance rénale chronique de causes non traditionnelles ou inconnues dans leurs activités de soutien. Les pays ont mené une formation sur les actions intersectorielles pour aborder les risques environnementaux, la toxicologie clinique et la méthodologie d'évaluation des risques. En collaboration avec les Centres collaborateurs de l'OPS/OMS pour la santé professionnelle et environnementale, le Bureau élabore des protocoles pour l'analyse de la situation et la mise en œuvre d'interventions préventives et correctives dans le milieu professionnel. Le Bureau a également mis en place un cours d'approfondissement en ligne avec des experts régionaux sur la prévention, le diagnostic et le traitement de l'intoxication aiguë par les pesticides, ainsi qu'un cours virtuel sur l’insuffisance rénale chronique de causes non traditionnelles ou inconnues, disponible à travers le campus virtuel de l'OPS pour la santé publique.
Des avancées dans l'intégration de soins complets pour l’insuffisance rénale chronique dans les services de santé ont été accomplies, y compris l'élaboration de lignes directrices sur les soins cliniques pour les patients atteints d’insuffisance rénale chronique au premier niveau de soins, la mise à jour des normes nationales et la conception de services de prévention et de soins complets pour l’insuffisance rénale chronique.
L'OPS travaille avec la République dominicaine dans ses efforts pour renouveler son système national de santé mentale. Des avancées significatives ont été accomplies, en particulier au cours des deux dernières années. Un investissement important a permis de transformer l'hôpital psychiatrique national en centre de réadaptation psychosociale pour les personnes présentant des troubles mentaux sévères et durables. Le centre dispose d'excellentes capacités d'hébergement et il a considérablement amélioré la qualité de vie des patients, leur permettant d'entrevoir la possibilité de revenir avec succès au sein de leurs communautés. Le pays a accordé la priorité aux soins de santé mentale ambulatoires et au développement d'unités spécialisées dans les hôpitaux généraux, de sorte que les cas d'urgence et aigus puissent être traités par les hôpitaux généraux et non plus uniquement par les hôpitaux psychiatriques.
La coopération technique du BSP pour améliorer l'accès aux soins de santé mentale et la qualité des services considère les utilisateurs des services de santé mentale et leurs familles comme des participants actifs du processus de soins. En 2013, le BSP, en collaboration avec le ministère de la Santé du Brésil, a organisé à Brasilia un premier rendez-vous régional, avec des représentants d'organisations d'utilisateurs et de familles. Les objectifs de la réunion étaient de partager des expériences personnelles et institutionnelles sur les droits de l'homme, l'autonomie et l'autonomisation des utilisateurs et leurs familles et de promouvoir leur participation aux décisions relatives aux soins de santé mentale. Plus de 100 représentants de 18 pays
39 ont participé à la réunion. Le Consensus de Brasilia est issu de cette réunion. Le Consensus appelle à l’action concrète des pays pour mettre en œuvre les principes internationaux sur la santé mentale et les droits de l’homme. Il appelle également à établir et renforcer les associations d’utilisateurs et de leurs familles et à créer un réseau régional de ces associations.
Au cours de la période considérée, le BSP a coordonné une série d'échanges entre le Chili et le Canada sur les besoins en santé mentale des groupes autochtones. Les pays ont partagé et comparé des initiatives et des pratiques pour des problèmes communs de santé mentale dans différentes communautés autochtones, ce qui a entraîné un engagement commun pour résoudre les problèmes identifiés. Les discussions préliminaires ont porté sur les actions futures axées sur la formation et les interventions en matière de santé mentale, ainsi que sur l'inclusion de l'Argentine et du Brésil, qui ont participé aux discussions de planification.
Chaque année, environ 65 000 personnes dans la Région des Amériques – dont près de 70 % d'hommes – se suicident. Le suicide est une cause de décès évitable et, en mai 2016, un atelier régional a eu lieu au Costa Rica dans le but de renforcer les capacités des pays à mettre en œuvre des mesures préventives pour les comportements suicidaires.
Également en 2016, dans le cadre de la Journée mondiale de la prévention du suicide, qui se tient chaque année en septembre, l'OPS a lancé une nouvelle publication intitulée Prévention du comportement suicidaire, qui fournit des informations essentielles sur les comportements suicidaires et sur les principales stratégies pour y remédier, de la surveillance à l’évaluation des interventions.
Observatoire du suicide pour l'Amérique centrale et la République dominicaine
Chaque année, plus de 800 000 personnes meurent pour cause de suicide dans le monde et 76 % de ces décès se produisent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Le suicide est la deuxième cause de décès chez les personnes âgées de 15 à 29 ans, et c'est une cause importante de décès tout au long de la vie, affectant les personnes de tout âge. La prévalence, les caractéristiques et les méthodes du comportement suicidaire varient considérablement selon les communautés et les groupes d??mographiques. Pour cette raison, la mise à jour des informations sur le suicide est essentielle pour développer des interventions préventives efficaces.
En Amérique centrale, les données probantes sur le suicide ont souffert d'une sousdéclaration importante et d'une hétérogénéité dans les méthodes de collecte, ce qui entrave une évaluation fiable du problème. Pour y remédier, le BSP s'est associé au COMISCA pour développer un Observatoire du suicide. Lancé en décembre 2013, l'Observatoire fournit une plate-forme virtuelle pour recueillir des informations opportunes sur les comportements suicidaires, afin de soutenir la planification fondée sur des données probantes et permettre aux pays de traiter plus efficacement les facteurs de risque.
Pour le premier semestre 2016, les huit pays membres du SICA (Belize, Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Panama et République dominicaine) ont introduit des données sur le suicide à partir de 2010 sur la plate-forme, en utilisant un ensemble commun de variables. L’Observatoire a également entamé le processus de collecte de données sur les tentatives de suicide, car les tentatives précédentes sont le principal facteur de risque prédictif du décès par suicide pour l'ensemble de la population. Le BSP continue de fournir une coopération technique, y compris le renforcement des capacités, pour ce processus et accompagnera le suivi et l'évaluation. Le Bureau envisage d'étendre ce réseau de premier ordre dans la Région à d'autres pays afin d'améliorer la qualité des données d'état civil sur le suicide.
Mise à jour sur la prévention de l'usage nocif de l'alcool, de la violence et des traumatismes
Prévention de l’usage nocif de l’alcool
L'usage nocif de l'alcool est un facteur de risque critique pour la santé mentale et d'autres maladies non transmissibles ainsi que pour les traumatismes et les problèmes génésiques. Au cours de la période couverte par le rapport, une grande partie de la coopération technique du BSP en la matière a été guidée par la Stratégie mondiale de l'OMS pour réduire l'usage nocif de l'alcool
A63/13), qui a été approuvée lors de la 63e Assemblée mondiale de la Santé en 2010 et par le Plan d'action régional pour réduire l'usage nocif de l'alcool de 2011 (document CD51/8, Rev. 1). Ces cadres ont favorisé la création du Réseau panaméricain sur l'alcool et la santé publique pour relier les points focaux du ministère de la Santé responsables des sujets liés à l'alcool avec les experts régionaux et la société civile. Le réseau rend compte des progrès réalisés par le plan d’action régional, et quatre des points focaux de la Région participent à un conseil mondial pour la mise en œuvre de la Stratégie mondiale pour réduire la consommation nocive d’alcool. Une autre entité nouvelle est la section latino-américaine du Réseau international pour les interventions brèves contre l'alcool et autres drogues (INEBRIA Latina), qui a été créée sur la base du modèle d’INEBRIA (selon le sigle anglais), un réseau mondial de chercheurs et de cliniciens.
En 2013, l'OPS a lancé une série de six cours en ligne relatifs à la réduction de l'usage nocif de l'alcool. Un cours, conçu pour les décideurs de la santé, se concentre sur l'élaboration et la mise en œuvre d'une politique sur l'alcool et les drogues. Un autre cours, dédié aux professionnels de la santé, traite du dépistage et des interventions brèves contre l'alcool et les drogues, en particulier dans les établissements de soins de santé primaires. Les cours sont proposés gratuitement, et le Guatemala, le Mexique et l'Uruguay les ont adoptés et complétés avec des séances de formation en présentiel et des webinaires en partenariat avec de grandes universités, des experts locaux, les conseils nationaux des drogues et les centres collaborateurs de l'OPS/OMS. Deux nouveaux cours virtuels ont été lancés en 2017, un sur le plaidoyer en matière de politiques sur l'alcool et un autre sur l'alcool et la grossesse.
L'Organisation a coordonné la recherche collaborative sur le rôle de la consommation d'alcool dans les traumatismes non mortels traités aux urgences hospitalières. Dix pays (Argentine, Brésil, Canada, États-Unis d’Amérique, Guatemala, Guyana, Mexique, Nicaragua, Panama et République dominicaine) ont utilisé le même protocole pour enquêter sur le risque relatif d'un traumatisme lié à l'alcool chez les personnes de plus de 18 ans. Les données ont été analysées dans le cadre d'un partenariat avec deux centres collaborateurs de l'OPS/OMS, au Mexique et aux États-Unis, et les résultats ont été résumés et publiés, ainsi que des recommandations fondées sur des données probantes, dans le document intitulé Prévention des blessures liées à l'alcool dans les Amériques : des données probantes aux politiques pour l’action. Le livre, publié en décembre 2013, documente le lourd fardeau de la consommation d'alcool dans les systèmes de santé et les sociétés dans leur ensemble. Il décrit également les moyens de réduire les dommages liés à l'alcool, y compris l'utilisation de politiques rentables pour réduire la consommation nocive aux niveaux de la personne et de la population.
En 2015, le Bureau a publié le Rapport sur le statut régional en matière d’alcool et santé dans les Amériques. Ce rapport examine les modèles et les conséquences de la consommation d'alcool dans la Région et il évalue les progrès réalisés depuis la promulgation de la Stratégie mondiale de l'OMS et du Plan d'action régional de l'OPS. Un domaine émergent d'intérêt pour la Région concerne le rôle de l'alcool pendant la grossesse et le développement des troubles causés par l’alcoolisation fœtale. La recherche connexe et l'intégration des services ont débuté en Argentine, au Brésil, au Chili et en Uruguay et, pendant le premier semestre 2017, des activités de renforcement des capacités étaient en cours au Chili. Un cours virtuel sur ce sujet sera lancé en 2017.
Au cours de la période considérée, l'Organisation a également travaillé à renforcer la mise en œuvre par les pays du Plan d'action régional 2011 sur l'usage de substances psychoactives et la santé publique (document
CD51/9) en entreprenant une coopération technique avec les ministères de la Santé, en coordination avec d'autres secteurs. De nouvelles collaborations ont débuté en 2017 pour examiner les liens entre l'alcool, les drogues et la conduite, ainsi qu'entre l'alcool et la tuberculose. Cette dernière collaboration a lieu au niveau régional et au Pérou. Cette initiative comprend un examen systématique de la littérature et la recherche sur l'intégration des services.
Malgré ces efforts, la consommation d'alcool par habitant est encore élevée dans la Région et elle devrait augmenter si aucune mesure supplémentaire n'est prise. Des troubles épisodiques importants liés à l'alcool sont fréquents chez les adultes et les adolescents, et les taux de mortalité liés à l'alcool sont élevés. Un examen à mi-parcours du Plan d'action régional 2011 pour réduire l'usage nocif de l'alcool a été présenté lors du 55e Conseil directeur en 2016 (document
CD55/INF/12) Ce rapport mettait en évidence des progrès insatisfaisants, tout comme les indicateurs concernant l'alcool du Plan stratégique 2014-2019 de l'OPS. L'examen a proposé plusieurs mesures visant à améliorer la situation, telles que l'élaboration de normes de politiques sur la consommation d'alcool adoptées par les États Membres, la formulation de politiques et plans nationaux sur l'alcool qui visant une réduction relative de l'usage nocif de l'alcool d'au moins 10 %, le contrôle de la commercialisation de l'alcool pour changer les normes culturelles et protéger les jeunes de la pression à boire, la promotion de politiques budgétaires comme moyen efficace pour réduire l'usage nocif de l'alcool, ainsi que pour augmenter les revenus des gouvernements et le plaidoyer pour augmenter la sensibilisation.
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Le Bureau a créé un groupe consultatif technique pour fournir des conseils et un soutien aux travaux de l'OPS dans le domaine de la politique sur l'alcool. Le groupe consultatif technique formulera également des recommandations spécifiques à l’intention de la Directrice sur les stratégies pour renforcer la coopération technique avec les États Membres et le dialogue politique entre les principaux intervenants dans la Région. La première réunion du groupe consultatif technique est prévue pour novembre 2017.
Prévention de la violence
Le travail technique de l’OPS sur la prévention de la violence a compris :
• La publication du rapport intitulé La violence contre les femmes en Amérique latine et dans les Caraïbes : une analyse comparative des données démographiques de 12 pays, en collaboration avec les CDC des États-Unis. Il s'agit du premier rapport comparatif intégrant des données sur la violence à l'égard des femmes en Amérique latine et dans les Caraïbes.
• La coopération avec la Communauté andine pour normaliser les indicateurs de la violence sexospécifique, de manière à faciliter les futures analyses comparatives.
• La participation à l'élaboration de plans nationaux de prévention de la violence et des traumatismes à la Trinité-et-Tobago et contre la violence sexospécifique au Guyana, en collaboration avec les centres collaborateurs de l'OPS/OMS.
• Le renforcement des capacités pour la prévention primaire de la violence à l'égard des femmes en Bolivie, au Costa Rica, à El Salvador, en Équateur, au Guatemala, au Paraguay et au Pérou. Au Guatemala, ce travail comprenait l'élaboration de plans locaux pour la prévention de la violence et de la criminalité, dans le cadre du programme conjoint de prévention des conflits et de consolidation de la paix, financé par le Fonds de réalisation des OMD.
• La participation à la mise en œuvre du projet de prévention de la violence et des traumatismes, financé par l’USAID, à Ciudad Juárez, qui est devenu un modèle pour d'autres villes et municipalités du Mexique. Dans le cadre de ce projet, l'Organisation a contribué à renforcer l'Observatoire pour la sécurité et la cohabitation pacifique de l'Université autonome de Ciudad Juárez, à renforcer les capacités des prestataires de soins primaires et sociaux, des premiers intervenants et des organismes communautaires et à améliorer la gestion des connaissances et des compétences en matière de communication avec les médias et la communauté.
• La réalisation d'une formation dédiée à la collecte et l’analyse d'informations sur la prévention de la violence, qui a permis la création de points focaux nationaux dans plusieurs pays capables de fournir des données pour le Rapport de situation 2014 sur la prévention de la violence dans le monde de l'OMS.
• La participation à l'évaluation et au renforcement des systèmes de surveillance de la violence et des traumatismes dans plusieurs pays, y compris le Belize, Haïti et la Trinité-et-Tobago, avec le soutien du Centre national pour la prévention et le contrôle des traumatismes des CDC, un centre collaborateur de l'OPS/OMS.
Le Bureau a publié le Rapport de situation 2014 sur la prévention de la violence dans la Région des Amériques, qui fournit des informations actualisées sur la prévention de la violence interpersonnelle dans les Amériques. Le rapport repose sur le Rapport de situation 2014 sur la prévention de la violence dans le monde, un rapport collaboratif produit par l'OMS et ses bureaux régionaux, le PNUD et l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC). Pour le rapport régional, le Bureau a recueilli des informations provenant de 21 pays des Amériques, représentant 88 % de la population de la Région. Pour l'année 2012, le rapport estime que 165 617 homicides ont eu lieu dans les pays à revenu faible et intermédiaire d'Amérique latine et des Caraïbes, soit un taux de 28,5 homicides pour 100 000 personnes. Ce taux est quatre fois supérieur au taux mondial d'homicides (6,7 pour 100 000), mais seulement trois quarts des pays de la Région disposent de plans d'action nationaux pour réduire la violence. Les trois quarts des homicides ont été commis avec des armes à feu, malgré les constatations du rapport selon lesquelles tous les pays disposent de lois sur le port d’armes. Cependant, un tiers des pays manquait de données, ce qui suggère qu’une grande partie de la planification et de l'élaboration de politiques se fait en l'absence de données probantes. Le rapport de situation appuie l'élaboration de politiques dans les États Membres et l’élaboration de plans et d'initiatives efficaces, y compris des programmes visant à réduire la disponibilité et l'usage nocif de l'alcool, des lois et programmes visant à réduire l'accès aux armes à feu et armes blanches, des efforts visant à modifier les normes sexospécifiques qui contribuent à perpétuer la violence à l'égard des femmes, des programmes visant à améliorer les compétences parentales et sociales chez les enfants et adolescents et des campagnes d'information publique pour prévenir la maltraitance des personnes ??gées.
Le Bureau a examiné les intersections de la violence contre les enfants et de la violence à l'égard des femmes pour identifier les points d'entrée de manière à coordonner les efforts de prévention et d'intervention tout au long du parcours de vie, et les résultats ont été publiés dans la revue Global Health Action. Un deuxième examen, réalisé en collaboration avec l'UNICEF et l'Université Johns Hopkins, a évalué les forces et les faiblesses des protocoles nationaux de santé qui guident la réponse du secteur de la santé vis-à-vis des enfants exposés à la violence. Ce travail, publié dans
BMC Public Health, ainsi que deux autres publications, fournit des conseils pour le travail du Bureau avec les États Membres :
: INSPIRE : Sept stratégies pour mettre fin à la violence à l'encontre des enfants, qui a été coédité avec les États Membres et neuf autres organismes et traduit par le Bureau et
Soins de santé pour les femmes victimes d’actes de violence commis par un partenaire intime ou d’actes de violence sexuelle-Manuel clinique . qui a été traduit à l’espagnol par le Bureau.
En collaboration avec un certain nombre de partenaires, le Bureau a développé la campagne
Every Hour Matters (Chaque heure compte) pour sensibiliser à l'importance de l'accès rapide aux soins après un viol. Le Bureau a également collaboré avec l'ONU Femmes, l'UNICEF et le Fonds des Nations Unies pour la population pour organiser des réunions et des ateliers régionaux au Honduras, au Panama, à la Trinité-et-Tobago et à Washington (D.C.) sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes, les méthodologies pour mesurer la prévalence de la violence et les indicateurs pour suivre les progrès dans la mise en œuvre de stratégies de prévention et d'intervention.
Prévention des traumatismes
Au cours de la période analysée et dans le cadre de la Décennie d'action de l'ONU pour la sécurité routière 2011-2020, plusieurs pays des Amériques, y compris la Dominique, l'Équateur, le Guyana et l'Uruguay, ont élaboré, approuvé ou mis en œuvre de nouveaux plans et lois visant à réduire les accidents de la circulation. En Équateur, l'OPS a contribué à élaborer des normes techniques sur l'utilisation des casques de protection par les motocyclistes et le pays a amélioré sa législation sur les facteurs de risque et de protection des traumatismes dus aux accidents de la circulation. El Salvador a promulgué une loi visant à créer un fonds national pour les victimes d'accidents de la circulation, ce qui a permis de mieux cerner cette problématique. Le Mexique a avancé dans la mise en œuvre de son initiative en faveur de la sécurité routière dans tous les États.
Un plan directeur pour le renforcement de la sécurité routière dans les villes d'Amérique centrale a été élaboré en 2015 avec la coopération technique de l'OPS et de l'OMS. Le plan a été conçu pour les pays du projet Mésoamérique (Belize, Colombie, Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama et République dominicaine) et il a été approuvé à l'unanimité par les ministres de la Santé, des Infrastructures et du Transport des pays participants. Basé sur un mod??le mondial élaboré par le Groupe des Nations Unies pour la collaboration en matière de sécurité routière, le plan Mésoamérique offre une base d'action qui peut être contextualisée à différentes cultures et par différents gouvernements, entreprises et institutions.
Le Bureau a publié des rapports sur la sécurité routière dans les Amériques, fournissant des informations actualisées sur les taux nationaux et régionaux de traumatismes liés à la circulation routière, la législation sur les principaux facteurs de risque et les progrès réalisés dans ce domaine par les pays. Le Rapport de situation sur la sécurité routière dans la Région des Amériques 2015 a mis en évidence que 150 000 personnes environ sont mortes de traumatismes dus aux accidents de la circulation en Amérique latine et dans les Caraïbes en 2010. Parmi ces décès, 27 % étaient des piétons, 20 % des motocyclistes et environ 4 % des cyclistes. Le rapport indique que 42 % de la population d'Amérique latine et des Caraïbes est désormais protégée par des lois sur l'alcool au volant. Cependant, sur les 14 pays qui prévoient des limites de concentration d'alcool dans le sang, seulement cinq d'entre eux (Costa Rica, Équateur, Honduras, Panama et Saint-Vincent-et-les Grenadines) font état d'une application rigoureuse. De même, les lois sur le port du casque de moto se sont améliorées, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour faire respecter ces lois et s'assurer de la conformité des casques aux normes de qualité. Le rapport appelle à renforcer l'application de la législation routière pour réduire les décès liés à la circulation et surtout pour protéger les usagers de la route les plus vulnérables.
En 2015, le BSP a participé à la 2e Conférence mondiale de haut niveau sur la sécurité routière, qui s’est tenue au Brésil. Plus de 100 ministres des Transports, de la Santé et de l'Intérieur et leurs représentants ont assisté à la Conférence. Elle a abouti à la Déclaration de Brasilia, adoptée par les États Membres de l'OPS, approuvée successivement par la 70e Assemblée générale de l'ONU et la 69e Assemblée mondiale de la Santé. La Déclaration se félicite de l'inclusion de la sécurité routière dans le Programme pour le développement durable à l'horizon 2030 et recommande des actions régionales pour renforcer la gestion de la sécurité routière, améliorer la législation et l'application de la loi, promouvoir des routes et des véhicules plus sûrs, encourager l'utilisation de modes de transport durables, protéger les usagers vulnérables de la route, améliorer les services de réponse à la suite des accidents et de réadaptation et renforcer la coopération et la coordination mondiales en matière de sécurité routière.
En 2016, le Bureau a organisé une réunion régionale sur l’alcool, les médicaments et les accidents de la circulation routière, en collaboration avec l’OMS et avec la participation des États Membres, pour examiner la situation dans la Région. La réunion a conduit à l'élaboration d'un protocole régional qui peut être adapté par les pays pour mener des études dans les salles d'urgence sur les accidents de la route non mortels impliquant des passagers, des conducteurs ou des piétons, afin d'??valuer le rôle et le risque associé à la consommation d'alcool et d'autres drogues avant le traumatisme. Cette information devrait faciliter l'amélioration de la sécurité routière et diminuer les dommages causés par les traumatismes liés à l'alcool et aux drogues. La BID contribue à la mise en œuvre d'études, qui démarrent en 2017 au Chili et en Jamaïque.
Le Brésil et le Mexique ont participé au lancement en 2015 de la deuxième phase de l’initiative Bloomberg Philantropies consacrée à la sécurité routière mondiale, qui a été menée au niveau mondial par l'OMS et pour les Amériques par l'OPS. Ce programme historique a consolidé le rôle du secteur de la santé dans les efforts de prévention des accidents de la circulation, sur la base de l'ensemble des repères définis dans le Rapport mondial sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la circulation de 2004. Dans le cadre de ce programme, le BSP a encouragé l'amélioration des données, l’intégration intersectorielle et le renforcement des capacités pour les professionnels de la sécurité routière, les journalistes, les ONG et les autres intervenants en matière de sécurité routière. Le Bureau a également entrepris une coopération technique avec les pays pour élaborer des plans et des politiques de sécurité routière, améliorer la législation et concevoir du matériel pédagogique.
TABLE DES MATIÈRES